La situation politique instable en Gambie fait craindre le pire aux habitants qui, par milliers, choisissent de fuir au Sénégal voisin et en Guinée-Bissau.

Des milliers de Gambiens qui redoutent des troubles dans leur pays à quelques jours de la fin du mandat du président Yahya Jammeh, jeudi 19 janvier, fuient au Sénégal voisin [la Gambie est ceinturée sur toute sa frontière par le Sénégal] et en Guinée-Bissau. "Ils quittent ce pays, car ils ont peur de mourrir", explique un habitant de la capitale, Banjul. Ceux qui restent espèrent qu'il n'y aura pas de violences à l'aube de cette date fatidique. "Quand Jammeh a pris le pouvoir il y a vingt-deux ans, aucune goutte de sang n'avait été versée, se souvient un Gambien. Il faut que ce soit la même chose quand il quittera le pouvoir."

Yayah Jammeh a perdu en décembre l'élection face à l'oppossant Adama Barrow. Après avoir un temps reconnu sa défaite, il a fait volte-face et demandé l'annulation du scrutin devant la Cour suprême. Faute de juges, l'institution n'a pas été en mesure de statuer et ne le sera pas avant plusieurs mois. Tous les espoirs d'une transition pacifique reposent désormais sur la médiation en cours de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Sa présidente, Ellen Johnson Sirleaf, avait souligné la semaine dernière qu'elle n'avait pas encore l'intention de déployer de force militaire, après avoir un temps évoqué la possibilité d’utiliser la force. Revirement mardi 17 janvier. "Une décision a été prise. Elle prévoit [que Yahya Jammeh] ne demeure pas président à la fin de son mandat", a rapporté l'agence Reuters citant une source militaire nigériane. Le Nigeria exerce actuellement la présidence tournante de la Cédéao.

L'investiture du président gambien élu, Adama Barrow, aura malgré tout bien lieu comme prévu le 19 janvier, a annoncé son porte-parole Mai Fatty, qui se trouve avec lui depuis samedi à Dakar, à la demande des dirigeants ouest-africains.