14.274 réfugiés enregistrés au Sénégal en 2015

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14.274 réfugiés enregistrés au Sénégal en 2015

Le Soleil, 21 Jun 2016

URL: http://www.lesoleil.sn/2016-03-22-23-29-31/item/51273-14-274-refugies-enregistres-au-senegal-en-2015.html
Le Sénégal est l’un des pays les plus convoités par les demandeurs d’asile. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr), en 2015, il a enregistré 14.274 refugiés. Toutefois, International refugee rights initiative (Irri) a relevé beaucoup de dysfonctionnements dans le système d’asile sénégalais auxquels il faut remédier. La journée mondiale des réfugiés a été célébrée hier.

Quatorze mille deux cent soixante-quatorze (14.274) réfugiés et 2.914 demandeurs d’asile de diverses nationalités ont été enregistrés au Sénégal en 2015, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les refugiés. Beaucoup d’entre eux choisissent le Sénégal en raison de son système politique, sa démocratie. Cependant, a relevé International refugee rights initiative (Irri), au Sénégal, les demandeurs d’asile et les réfugiés sont confrontés à d’énormes difficultés surtout dans la procédure de demande d’asile. « Est réfugié toute personne qui, craignant, avec raison, d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays », en vertu de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés ainsi que son Protocole additionnel de 1967.

Le Sénégal est partie de ces conventions ainsi que celle de l’Oua de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. Il a également adopté le Décret n°68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la Loi n°75-109 du 20 décembre 1975, portant création de la Commission nationale d’éligibilité au statut des réfugiés, qui se trouve être l’organe gouvernemental qui octroie ou non le statut de réfugié. Selon Irri, il y a des problèmes majeurs dans le système d’asile sénégalais auxquels il faut trouver une solution, particulièrement concernant la procédure de détermination du statut de réfugié. « De sérieuses lacunes administratives et procédurales empêchent ceux qui ont besoin de protection d'en bénéficier », a souligné l’organisation, avant d’ajouter que « la Commission nationale d’éligibilité est extrêmement lente dans le traitement des dossiers, laissant certains demandeurs d’asile attendre près de trois ans avant de recevoir une décision ».

Pour cette organisation, une législation qui fixerait un délai pour le traitement des demandes d’asile serait une étape cruciale pour lutter contre cette situation. « Au Sénégal, le taux d’octroi du statut de réfugié est très bas. Les demandeurs d'asile n’ont souvent pas accès à l'aide humanitaire jusqu'à ce qu'ils soient reconnus comme étant réfugiés. De plus, le Sénégal n’a pas prévu de centre d’accueil pour les demandeurs les plus vulnérables tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées », a déploré l’organisation. De surcroît, a-t-elle ajouté, le système d’asile sénégalais n’a pas prévu une instance de deuxième degré pour faire appel. Ce sont les membres de la commission qui étudient les demandes d’asile en première instance et les recours.


L’artiste Cheikh Lô appelle à plus de protection
cheikh loDans un communiqué, l’artiste Cheikh Ndigel Lô interpelle les gouvernants sur la nécessité de protéger les réfugiés et rappelle qu’ils ont des droits, mais aussi des devoirs envers leurs pays d’accueil. Engagé auprès du Hcr pour la lutte contre l’apatridie, le musicien s’est produit avec son groupe, le Ndiguel Band, à la maison de la culture Douta Seck (Dakar) ce lundi 20 juin, à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, en présence de Mme Kpam Ahua, directrice régionale du Hcr et de nombreuses personnalités.


Ban Ki-moon appelle au respect de leurs droits
Ban ki moonLa Journée mondiale des refugiés a été commémorée hier par le monde entier. Le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, appelle à faire bloc autour des refugiés pour faire respecter leurs droits.

Ban Ki-moon appelle à faire bloc avec les millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient leur foyer chaque année pour veiller à ce que leurs droits et leur dignité soient protégés, où qu’ils se trouvent, et placer la solidarité et la compassion au cœur de notre action collective. Il a fait l’invite à l’occasion la commémoration de la Journée mondiale des refugiés. « Le discours anti-réfugiés est si prédominant que les autres voix ont du mal à se faire entendre. Elles existent pourtant bel et bien. Depuis un an, il y a, dans de nombreux pays et régions, un extraordinaire élan de compassion et de solidarité. Des personnes et des populations tout entières ont ouvert leur maison et leur cœur aux réfugiés. Des États ayant déjà un grand nombre de réfugiés sur leur territoire ont réservé un bon accueil aux nouveaux arrivants », a dit le secrétaire général de l’Onu. Ban Ki-moon a poursuivi qu’il est urgent de suivre les bons exemples et de les reproduire à plus grande échelle. « Notre action à l’égard des réfugiés doit reposer sur nos valeurs communes de partage des responsabilités et de non-discrimination ainsi que sur les droits de l’homme et le droit international des réfugiés, notamment le principe de non-refoulement », lit-on dans le discours du patron de l’Onu.

Plus de 65 millions de personnes arrachées à leur foyer
Pour Ban Ki-moon, les déplacements forcés ont atteint une ampleur sans précédent. Plus de 65 millions de personnes ayant été arrachées à leur foyer dans le monde. Les conflits nouveaux et récurrents et les formes de violence et de persécution, chaque jour plus préoccupantes, poussent les populations à fuir. Certaines, a ajouté Ban Ki-moon, cherchent la sécurité dans leur propre pays, d’autres traversent les frontières et deviennent des réfugiés ou des demandeurs d’asile. « À la fin de 2015, on dénombrait 21,3 millions de réfugiés, 3,2 millions de demandeurs d’asile et 40,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays », a relevé le Sg de l’Onu.

Selon Ban Ki-moon, la Journée mondiale des réfugiés est l’occasion de prendre la mesure des effets dévastateurs de la guerre et des persécutions sur la vie de ceux qui sont contraints de fuir et de rendre hommage à leur courage et à leur force morale. C’est également l’occasion de saluer les populations et les États qui accueillent et hébergent ces personnes, souvent dans des zones frontalières éloignées frappées par la pauvreté, l’instabilité et le sous-développement, loin du regard de la communauté internationale.

N. Maka SECK