Prendre le temps de construire la paix au Mali

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Prendre le temps de construire la paix au Mali

LE MONDE, 19 Nov 2014

URL: http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/11/19/prendre-le-temps-de-construire-la-paix-au-mali_4525681_3232.html
L’ouverture des négociations entre le gouvernement malien et les mouvements politico- militaires du Nord Mali le 1er septembre 2014 à Alger laissait espérer un processus de retour durable à la paix. Conduites par la diplomatie algérienne, qui a pris la tête d’une équipe de médiation internationale, les discussions réunissaient pour la première fois depuis juin 2013 la plupart des acteurs du conflit autour de la même table. Mais à l’issue d’une première phase de négociation courte et plutôt décevante, la médiation internationale a remis aux parties maliennes un document présentant les « éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali », qui apparaît comme le squelette déjà bien avancé d’un futur accord de paix.
Il est cependant loin d’être satisfaisant. Alors que s’ouvre la dernière séquence de négociations, il faut s’inquiéter d’un processus conduit au pas de charge qui risque de reproduire les mêmes erreurs que par le passé et d’aboutir à une paix fragile. L’Algérie, qui a jusqu’ici joué un rôle positif, doit donner plus de temps aux négociations afin d’aboutir à la signature d’un accord viable. Le document a été fortement critiqué par la coordination des mouvements de l’Azawad, qui regrette que l’essentiel de ses positions ne soit pas représenté. Elle a d’ailleurs produit le 1er novembre une contre-proposition axée sur une solution fédérale.
De son côté, Bamako se félicite officiellement de la diligence algérienne mais rechigne à entériner un texte qui, à ses yeux, fait trop de concessions à ses adversaires et l’obligerait à une délicate réforme constitutionnelle. En coulisses, une partie de la médiation internationale exprime de sérieux doutes sur la capacité d’un texte qui renoue avec les « vieilles recettes » pour ramener la paix. Le document qui sert de base à la rédaction d’un accord final est un pas dans la bonne direction, mais il repose pour l’essentiel sur des réponses qui ont déjà montré leurs limites, et comporte encore beaucoup de lacunes…