Des briques et des graines pour un avenir meilleur: les réfugiés et tchadiens cheminent vers l'autosuffisance

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Des briques et des graines pour un avenir meilleur: les réfugiés et tchadiens cheminent vers l'autosuffisance

ECHO Blog, 26 Sep 2017

URL: http://ec.europa.eu/echo/blog/des-briques-et-des-graines-pour-un-avenir-meilleur-les-r-fugi-s-tchadiens-cheminent-vers_fr
Le Tchad, pays frappé la pauvreté, est confronté à trois crises de réfugiés à la fois: il accueille non seulement 7 000 personnes fuyant Boko Haram, mais accueille aussi plus de 380 000 réfugiés issus de crises beaucoup moins médiatisées, comme celle de la République centrafricaine et celle du Darfour. La majorité de ces réfugiés y vivent depuis plus de 10 ans.

Le bureau de l'aide humanitaire de l'UE continue de fournir une aide essentielle à ces populations largement oubliées, par l'intermédiaire de partenaires comme l'agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). L'aide humanitaire vise la promotion de solutions à plus long terme et l'autosuffisance des réfugiés.

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Au centre de formation professionnelle de Maro, village du sud du Tchad, les travaux pratiques vont bon train sous le soleil pour les étudiants en maçonnerie. Sous les regards vigilants de leurs instructeurs, ils s’attellent à démontrer les connaissances acquises en classe.

Parmi eux, Estelle, la vingtaine. Après avoir mis une brique sur le mur, elle explique qu’elle tient à finir cette formation de neuf mois.

« Chez nous, les femmes sont au champ ou dans la cuisine ; moi je veux participer à la construction de mon village et de mon pays autrement », explique Estelle avant de souligner qu’ avec ce métier, elle peut aider « beaucoup d’autres femmes, surtout celles qui vivent seules ».

Agés de 18 à 30 ans, les participants à cette formation sont des réfugiés centrafricains du camp de Belom, situé à environ 2 kilomètres, mais aussi des Tchadiens venant de Maro et d’autres villages voisins.

Ceux ayant réussi leurs tests à la fin de cette formation mise en œuvre par le HCR et l’organisation non gouvernementale Fédération Luthérienne Mondiale, bénéficient d’un appui en équipements et outils de travail.

Dans le sud du Tchad, quatre centres de formation professionnelle en couture, maçonnerie, menuiserie et mécanique, ainsi que deux centres informatiques accueillent 325 étudiants. Outre les centres de formation professionnelle, le HCR et ses partenaires financent des activités génératrices de revenus en faveur des réfugiés et de leurs hôtes tchadiens grâce au soutien financier du département humanitaire de l’Union Européenne (ECHO) et bureau américain pour les réfugiés et la migration (BPRM) entre autres.

Les revenus et produits issus de ces activités permettent surtout aux réfugiés de compléter l’assistance humanitaire en baisse depuis plusieurs années.

L’un des projets lancés à cet effet dans l’est du pays est le programme agricole intitulé Seeds for Solutions (des graines pour des solutions) visant les camps et les villages d’accueil. Ainsi, dans le village de Koutoufou, dans cette partie extrêmement aride de l’Est du Tchad, des réfugiés soudanais et des tchadiens, hommes et femmes, cultivent ensemble, dans la bonne humeur et la convivialité, un champ maraicher de 25 hectares.

Le champ est approvisionné en eau, en toute saison, grâce à un système d’irrigation à l’énergie solaire, ce qui donne à ses bénéficiaires, en grande majorité des femmes, une production plus régulière.
Achta Biney by © UNHCR/I.Diane

Achta Abdallah Biney tient à la main un navet qu’elle a récolté de sa parcelle de terrain. ©UNHCR/I.Diane
« Avec ces légumes, je me sens responsable et je décide quoi faire avec le revenu », explique, tout en montrant sa récolte de navets, Achta Abdallah Biney, refugiée soudanaise de 38 ans et mère de 5 enfants. Elle fait partie des 500 réfugiés et membres de la communauté locale qui cultivent ce terrain. Cela renforce la coexistence pacifique avec les communautés d'accueil.

Selon l’agence onusienne, les agriculteurs réfugiés vendent en moyenne 70% de leur récolte et utilisent le reste pour leurs repas quotidiens.

Au regard de la situation prévalant dans leurs pays d’origine, la majorité des réfugiés vivant au Tchad n’opteront pas pour un rapatriement dans l’immédiat. Ainsi, l’accent doit être mis sur les activités d’inclusion socio-économique parallèlement à la recherche de solutions durables comme le rapatriement volontaire, selon le HCR.

«Il est important d’outiller les réfugiés avec des capacités leurs permettant de se prendre en charge et d’intégrer le processus de développement socio-économique ici au Tchad et quand ils décideront de rentrer dans leur pays », explique Edward O’Dwyer, Représentant du HCR au Tchad.