Apatridie : Fait social ou politique ?

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Apatridie : Fait social ou politique ?

LEFASO.NET, 09 Aug 2017

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Dans le monde, certaines personnes existent juste physiquement mais sont en réalité invisibles, anonymes. Elles ne peuvent pas aller à l’école, exercer un travail professionnel, se marier à l’état civil, voyager…Ce phénomène est le fait de l’apatridie.
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Apatridie : Fait social ou politique ?

On compte 10 à 12 millions d’apatrides dans le monde dont 750.000 en Afrique de l’Ouest, (région qui compte de nombreuses personnes à risque d’apatridie), et 60% d’enfants apatrides (enfants trouvés, enfants dans la rue et enfants abandonnés).
En effet, est qualifiée d’apatride toute personne qui est sans nationalité. Elle pourrait mourir sans qu’on ne sache qu’elle a existé. L’apatride n’a aucun droit et est exposé à toutes sortes de difficultés. Ce problème crucial hypothèque la vie de millions de personnes qui n’arrivent pas à se faire une identité.

Cependant, tous les enfants nés sans document ne sont pas apatrides. Ils deviennent apatrides lorsqu’ils ne peuvent pas reconstituer leurs liens avec le pays de naissance ou ne peuvent avoir la preuve de leur nationalité. Les groupes à risque sont les migrants non documentés, les nomades et les populations vivant dans les zones litigieuses.

Parmi les raisons qui exposent une personne à l’apatridie, on peut citer les conflits de lois, le piège du vide juridique, la résidence prolongée à l’étranger, les défaillances de l’état civil, la discrimination, les migrations, la souveraineté d’un Etat sur un territoire.
Mais qu’est-ce qu’une nationalité ? C’est un lien juridique entre un Etat et un individu, un pré requis nécessaire à la jouissance des droits politiques, économiques et civils. Aussi, l’apatridie fait référence au cas d’un individu qu’aucun Etat ne considère comme son ressortissant au regard de sa législation. L’apatridie est donc une violation d’un droit humain fondamental.

Pour un apatride, il est impossible de participer à la construction de la société, le droit de retour dans son pays d’origine est compromis. Toute une génération d’une famille peut être apatride. En effet, selon António Guterres Ancien Haut-commissaire du HCR, « certains apatrides n’acquièrent jamais de nationalité car l’apatridie peut se transmettre, comme une maladie, de génération en génération ».

Les apatrides sont vulnérables à l’exploitation par des groupes criminels ; la traite d’êtres humains ; et le phénomène constitue également une menace pour la stabilité du pays, un frein au développement économique et social, et source de conflit entre les Etats sur la détermination de la nationalité.

Pour venir à bout de ce phénomène il est préconisé en Afrique de l’ouest, d’améliorer l’enregistrement à l’état civil en augmentant le taux d’enregistrement des naissances et en préservant les registres, de donner ou rendre aux personnes apatrides une nationalité et les intégrer pleinement dans la vie de la société, informer les populations des risques que fait encourir l’apatridie. Eradiquer l’apatridie, c’est donner le droit de nationalité à tout être humain pour confirmer son existence !

Haoua Touré
Lefaso.net